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Et la retraite, dans tout ça ??

Avons-nous travaillé toute notre vie uniquement pour assurer un revenu décent à notre famille et accumuler des points de retraite ? Si oui, alors acceptons l’idée que la retraite serait une vraie libération, un soulagement à l’arrêt de cet esclavage. Mais y a-t-il eu aussi dans notre vie professionnelle des moments heureux, ou nous avons été fiers de nos réalisations, ou nous nous sommes sentis créatifs, contributifs ? Si oui, alors craignons que cette retraite tant attendue n’apporte aussi un grand vide, même si les dernières années ont parfois été moins satisfaisantes et moins heureuses. Et attention au départ en retraite précipité et non préparé, en réaction à une déconvenue professionnelle ! Il est connu que la retraite, qui apparaît à beaucoup comme un Eldorado, se révèle pour certains difficile à vivre. La perte des liens professionnels souvent très investis, la difficulté de trouver une nouvelle place au sein de la famille transforment rapidement ce temps supposé merveilleux en ennui. Vient ensuite le cortège des maladies, de la dépression et des crises. La vie professionnelle est parfois frustrante, mais nous y sommes souvent investis à 150 % de notre énergie et de notre temps. Avons-nous néanmoins gardé une place pour notre réseau, nos autres passions ? Nous avons tous rencontré ou entendu parlé d’artistes, de médecins, de scientifiques, … qui poursuivent par plaisir leur vie professionnelle au-delà des 65 ans fatidiques. Ils n’auraient jamais supporté un arrêt brutal de leur créativité. Et nous, comment vivrons-nous ce passage ?

Au-delà des questions strictement administratives, le départ en retraite se prépare au minimum six mois à deux ans, voire pour certains cinq à dix ans avant. Cela prend effectivement du temps de s’insérer dans un milieu associatif ou dans la vie politique locale, d’acquérir une formation ou un savoir faire complémentaire, de réfléchir tout simplement à la réorganisation de son lieu de vie pour y installer une nouvelle activité, voire de parler avec son conjoint, pour savoir s’il accepte nos nouveaux projets.

Quelques idées dangereuses
La retraite, c’est les vacances

Les vacances n’existent que parce qu’il y a reprise du travail à leur terme. Certains retraités récents, après les premiers temps de repos bien mérité, ressentent un manque d’allant, un manque d’entrain, un à quoi bon …. Ils avaient bien des projets, mais un peu vagues, des envies, mais un peu tièdes, … et l’absence de motivation les saisit. La retraite devient alors vacance, vide, et non vacances.

Je vais me consacrer à mes petits enfants

Ceci est-il un vrai choix ou un pis-aller ? Vos petits enfants ont-ils, eux, envie que vous vous consacriez à eux ? Etes-vous conscient que très vite, ils préfèreront leurs amis à leurs grands parents ? Dans 5 ans, dans 10 ans, une nouvelle rupture se profile, encore plus douloureuse. Pour un adolescent qui voit ses grands parents régulièrement, combien les négligent ?

Nous allons quitter la région et nous installer à la campagne, à la mer, à l’étranger ...

C’est parfait si vous fréquentez cette région depuis longtemps et y avez de nombreuses attaches. Sinon, cela peut être dramatique, les hivers sont très longs, les opportunités rares, la télévision omniprésente. Les amis ne penseront à vous qu’aux beaux jours, et bientôt plus du tout !

Je vais enfin profiter de la présence de ma femme, de mon mari, à 100 %

Le couple est un système dans lequel les interactions se sont équilibrées au fil du temps, du moins peut-on l’espérer. Tout changement chez l’un des partenaires aura des répercussions sur l’équilibre du couple. Tout faire ensemble revient à développer une relation fusionnelle qui peut convenir à l’un mais pas du tout à l’autre et est de toutes façons très sclérosante. Gare au divorce dans ce cas ! Une relation de couple équilibrée ne peut être construite ni sur le mode 1 + 1 = 1 (relation fusionnelle), ni sur le mode 1 + 1 = 2 (indépendance totale sans recoupement d’activité ni centre d’intérêt commun), mais sur le mode 1 + 1 = 3 (une part d’activités et d’intérêts communs, et une part d’autonomie).

Y a-t-il une recette pour une retraite réussie ?

Pas vraiment, mais on constate que ceux qui font de leur retraite une période heureuse :
· Ont pris conscience que le départ en retraite peut être un des passages difficiles de la vie,
· Ont fait un bilan réaliste de leurs atouts, de leurs compétences, de leurs désirs et de leurs vraies contraintes en éliminant les faux problèmes,
· Ont réfléchi longtemps avant leur départ en retraite à leurs occupations de cette troisième mi-temps et commencé à poser des jalons, ou ont cultivé tout au long de leur vie une passion, des hobbies, compatibles avec l’âge mûr et le vieillissement,
· Ont compris que le départ en retraite peut créer un vaste trou d’air au niveau des relations sociales et entretenu leur réseau personnel,
· Ont mis en place une politique de prévention santé, · Ont globalement anticipé leur départ en retraite et continuent à anticiper par rapport au vieillissement.

Alors, comment faire concrètement pour que le temps libre de la retraite soit un temps bien vécu ?

Il est fondamental d’accepter l’idée que le départ en retraite n’est pas un évènement banal, mais un réaménagement profond de ses relations à autrui et une transformation très importante de l’image de soi. Notre méthodologie repose sur les étapes suivantes :
· Faire un bilan de santé complet, puis un bilan de compétences, ressources, réseaux, désirs, contraintes avec des outils comme les réalisations probantes et le SWOT,
· Faire un bilan sur ses rêves de jeunesse, ses désirs inassouvis, ses passions, regrets, … car il est encore temps, pour certains, de les exprimer,
· En déduire globalement des centres d’intérêt et activités possibles en tenant compte des aspects financiers, des contraintes réelles, de l’équilibre entre activités physiques, sociales, intellectuelles et de couple,
· Faire un premier planning d’activité sur l’année, la semaine, la journée … et l’oublier jusqu’aux premiers moments difficiles.
Quelques exemples
· Pierre est depuis toujours assez bricoleur et féru de meubles anciens. Il rêve depuis très longtemps de pratiquer l’ébénisterie. Sa retraite va lui permettre de s’inscrire à des ateliers collectifs pour apprendre, de pratiquer chez lui, d’assister à des conférences avec sa femme, etc …,
· Claude est passionnée par les orchidées. Elle a pris des contacts avec deux ou trois associations spécialisées qui vont lui donner l’opportunité de compléter ses connaissances, d’entreprendre des cultures à son domicile et même de participer à des voyages en Amazonie avec repérages, replantage, etc … Son mari est tout à fait partant pour les voyages,
· Jean est motivé par la politique et a toujours regretté que sa carrière l’empêche de s’y investir. Il pense pouvoir y passer du temps pendant sa retraite, il a donc adhéré au parti politique le plus proche de ses idées, et a commencé à se faire connaître des équipes locales. On parle de lui pour la liste des prochaines municipales, et on pense mettre à profit ses compétences d’organisateur dans une association sportive. Sa femme s’inscrit dans le même courant de pensées que lui et a de son côté une activité bénévole dans une autre association.
Dans chacun de ces exemples, les protagonistes sont parvenus à concilier activités physiques, intellectuelles, sociales et relationnelles. Le partenaire y trouve sa place, mais garde des activités autonomes de son côté.
En conclusion
Réussir son départ en retraite nécessite autant de préparation et d’intelligence que choisir son orientation en début de vie professionnelle ou bien prendre les tournants que représentent la quarantaine et la cinquantaine. C’est aussi une formidable occasion de faire le point sur sa vie et de pouvoir dire dans 10, 20 ou 30 ans : « Je suis fier(e) de moi, j’ai accompli ce que j’avais à accomplir, je me suis réalisé(e) » …